Genèse et pomme
Le projet a commencé sur une idée toute simple, une constatation plutôt. Etant étudiant, lycéen en filière scientifique, j'utilise fréquemment un appareil nommé calculatrice scientifique
. Ces machines forment une catégorie à part : grosses, bardées de touches, avec des écrans en niveaux de gris, une interface discutable, et un fonctionnement tout sauf intuitif. J'exagère bien entendu : ces outils font ceux pour quoi ils sont conçus, et ils le font de manière correcte. Mais toujours est-il,que, un jour où je peinais une énième-fois sur le clavier avec des touches comme des têtes d'épingles, je me suis demandé ce qu'Apple ferait, s'ils devaient sortir un jour un appareil portable destiné à l'Education.
L'idée me trottait dans la tête, et je décidais finalement de réaliser ce que les anglophones appellent un mockup
, autrement dit un concept, une simulation. Bien évident, les premiers schémas ont été fait en cours. Et progressivement le projet se développe, le look de l'appareil est fixé.
Avouons le tout net : le format correspond approximativement à celui de n'importe quelle Casio ou TI... mais il peut sans problème être considéré comme efficace. L'apparence en elle-même est un mélange entre un avant d'iPhone 4 et un iPad maltraité. Il faut ensuite mettre en place l'interface, voir quelles fonctionnalités proposer. Il s'agit de fournir les indispensables : calculs, programmes et fonctions, graphes, et de profiter de l'expérience de Grapher sur Mac pour y ajouter les objets en trois dimensions, de celle de Numbers et Pages sur iPad pour transposer un éditeur de données et un éditeur de texte. Pour permettre à l'utilisateur de parcourir ses douments, le concept du Springboard d'iOS est repris, tout en intégrant certains éléments de navigation de la suite iWork pour iPad. On retrouve donc la pagination, les dossiers et la fonction de recherche Spotlight. On peut visualiser les documents avec un aperçu en plein écran, enrichi d'informations et d'actions.
Mais pour permettre de créer des documents enrichis, il faut aussi permettre à l'utilisateur d'y insérer des média : audio, vidéo, images et documents textes peuvent ainsi être consultés dans des onglets spécifiques. On reprend ici l'organisation des applications iPod, Photos et iBooks de iOS, pour conserver une cohérence dans l'expérience utilisateur. Et pour permettre à l'utilisateur d'enrichir sa bibliothèque, Apple proposera un accès, via Wi-Fi, à l'intégralité du catalogue d'iTunes U. Avec comme but de relancer et diversifier ce service dans le monde entier, quitte à en monétiser certains éléments via des partenariats privilégiés. Pour le reste, les panneaux Références (liste détaillée des fonctions, utilitaire repris de Numbers sur Mac) et Réglages n'offrent pas de fonctions particulièrement innovantes.
Du point de vue matériel, l'iSlate suit la configuration de l'iPhone 4 en l'augmentant légérement. Le port Dock 30 broches permet, combiné avec un adaptateur USB, de connecter des apapreils de mesure et de réaliser la collecte des données en temps réel. Le Bluetooth et le Wi-Fi sont aussi de la partie. L'argument principal reste l'autonomie, domaine dans lequel Apple semble se spécialiser de plus en plus. Les accessoires habituels (Dock clavier, housse, adaptateur) sont de la partie. La version d'iOS installée sur l'appareil est bridée, n'autorisant pas l'installation d'applications via l'AppStore (on est là pour travailler, ou non ?) ni la navigation sur Internet (même remarque).
Niveau prix, Apple s'aligne exceptionnellement sur les valeurs du marché actuel (environ 180 euros pour une calculatrice scientifique prépa). Il s'agit surtout de séduire les établissements éducatifs, en leur proposant une remise sur un lot d'iSlates couplée avec le matériel Mac (bon d'accord, pas les XServe) nécessaire à la création et la diffusion de podcasts et documents, ceci afin d'alimenter iTunes U en contenu. L'autre idée est d'attirer les jeunes, déjà séduits par les iPod et iPhone pour les mener à terme encore plus vers des achats de matériel pommé, notamment dans la gamme des Mac.
Mais le projet iSlate, c'est aussi trois à quatre semaines de travail en dents de scie (lycée oblige), et un gros dossier. Entre les premiers croquis scannés, les icônes et ressources collectées au fur et à mesure, les éléments d'interfaces iOS, les captures d'écrans, les modèles, les références pour iTunes U, les jaquettes, le bazar s'est vite installé. Bazar que l'on retrouve à travers les 250 calques du fichier Photoshop où toutes les images ont été réalisées. A quoi il faut ajouter la reprise
de la page de présentation du site d'Apple, les images exportées, le design de la coque, les schémas de ce présent article. Le travail sous Photoshop a été extrêmement long, puisque chaque élément devait être réfléchi, adapté au contexte, re-réfléchie, déplacé, regardé de loin, ajusté avec suffisamment de précision, le tout afin de garantir la cohérence de l'ensemble.
Mais une fois les images terminées, dotées de commentaires dignes du site d'Apple, et finalement postées sur flickr et autres, il a fallu réaliser une petite vidéo de publicité. Première étape : choisir une musique rythmée, et dont le titre soit en lien avec le but du produit. Je jetais donc mon dévolu sur School, de Supertramp. Pour la suite, le principe de cette publicité est repris sur celui de la pub What is iPad ?
, avec une série d'adjectifs laudatifs. Les animations en images de synthèse des début et fin de la vidéo sont réalisées dans Vue 8 Pioneer, retraitées dans After Effects avant d'être combinées aux images de l'iSlate, aux titrages et à la bande-son dans Premiere Pro. Ce travail rajoute encore une série de fichiers et de dossiers volumineux ; le dossier iSlate contenant tout pèse alors 1,36 Go, le poids du travail. Toujours est-il que la réalisation de ce projet a été passionnante, partagée et qu'elle m'a permis de m'amuser vraiment ;)
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