A contrario.
Il est une catégorie d'applications que je n'ai pas abordé dans mon dernier article : les jeux vidéo. Vaste domaine, à propos duquel on pourrait développer pendant plusieurs pages. Mais, pour en venir à l'élément qui m'intéresse aujourd'hui, je vais simplement effectuer un rapide panorama (non-exhaustif) de quelques tendances dans le jeu vidéo sur ordinateur.
L'interface peut être utile
. Elle constitue alors une part active du jeu, comme dans les jeux de stratégie. Le joueur interagit avec ce qui se passe à l'écran majoritairement via cette interface, qui peut devenir très complexe à maitriser. L'interface peut aussi fournir le strict minimum, apportant des informations brutes (vie, vitesse) via de simples textes ou panneaux, voire pas d'interface du tout (ex: Mirror's Edge). Elle peut aussi agrémenter ces mêmes informations en collant à l'atmosphère du jeu. Il en va ainsi pour l'interface steampunk de Bioshock, les compteurs de vitesse de Need for Speed, les tréfonds informatiques d'Experience 112... D'autres jeux choisissent d'intégrer les éléments au jeu lui-même, comme les actions possibles dans Heavy Rain, les jauges de vie et de munitions dans Dead Space, la vitesse dans Split Second, etc. Mais certains jeux se posent à l'opposé de tout ceci.
Papa Sangre est une production du studio Somethin' Else, disponible sur iPhone, iPod Touch et iPad. Parti sauver une âme pure, vous vous retrouvez parachuté dans un monde souterrain, hanté par des monstres terrifiants : le palais des Os de Papa Sangre. Tout ici dans l'ambiance rappelle la fête des morts mexicaine. Dans chaque niveau, il s'agit de traverser une pièce, en passant par certains points obligés, pour finalement atteindre la porte de sortie. Tout ceci, sans marcher sur les ossements et autres débris qui jonchent le sol, pour ne pas se faire remarquer par les ogres qui sommeillent, les égorgeurs qui vous suivent à la trace,...
Mais le point fort de ce jeu est totalement représenté par l'image ci-dessus. Voici ce qui s'affichera sur votre écran, en tout et pour tout, pendant toute la durée du jeu. Un bouton pour le pied droit, un pour le pied gauche, et un demi-cercle pivotant pour tourner sur soi-même. En effet, tout le jeu se déroule dans vos oreilles. Dès que vous coiffez votre casque (indispensable pour profiter pleinement du jeu), vous plongez dans un monde de grognements, de grincements, de bruissements, de bruits de pas, d'eau, vous entendez des cris lointains, des rires sadiques, des ronflements, des scintillements et des notes cristallines que vous devez rejoindre, pour enfin pouvoir sortir de ce labyrinthe qui se construit dans votre tête.
C'est la grande puissance de ce jeu : vous imaginez tout, porté(e) par les bruits que vous percevez dans chacune de vos oreilles. C'est vous qui mettez un visage à la créature qui rode sur votre gauche, vous qui donnez corps à ce bruit de couteaux qu'on aiguise qui se rapproche de vous à toute vitesse. L'angoisse est totale : au moindre faux pas, vous tomberez et qui sait ce qui adviendra alors de vous, d'atroces bruitages vous laissant apercevoir les pires scènes...
Remarqué par la critique dès sa sortie en décembre 2010, le jeu est rapidement mis en avant dans la sélection hebdomadaire de l'App Store. Il sera l'un des cinq nominés pour le Most Innovative Game Award lors des International Mobile Gaming Awards qui se déroulaient en janvier dernier, lors de la Mobile World Conference. Vendu 3,99€, ce jeu vous assurera sans doute quelques heures de frissons et des sueurs froides, pour peu que vous ayez une bonne oreille...
Le teaser sur Vimeo (à écouter absolument au casque !)